Maxime Merlandi et Jean-Philippe Guissani, deux hommes, deux voix, cinquante ans d'amitié, et une passion partagée pour le chant corse. Leur duo Fiuminale, intime et épuré, est une invitation à redécouvrir un répertoire méconnu de la musique insulaire. Lors de leur tournée en Occitanie, ils se produiront à Béziers le dimanche 6 avril et à Mireval le 8 avril, deux moments forts de leur parcours.
Maxime Merlandi et Jean-Philippe Guissani, originaires du même petit village près de Saint-Florent en Corse, partagent une histoire musicale commune qui remonte à leur adolescence. "On se connaît presque depuis toujours", confie Jean-Philippe. "On a commencé à chanter ensemble à 13 ans, à peine adolescents. On chantait au village, on jouait de la guitare, et c'est là qu'on a formé notre premier groupe." Leur aventure musicale, qui a débuté au cœur de la scène corse, prend un tournant décisif à partir des années 90.
En effet, quelques années plus tard, dans les années 2000, ils fondent le quatuor Barbara Furtuna. L'ensemble les emmène aux quatre coins du monde : du Mexique à l'Australie, en passant par la Corée, avec des collaborations prestigieuses, comme avec Placido Domingo. "Nous avons chanté sur tous les continents" raconte Jean-Philippe. Toutefois, après deux décennies de succès, le duo ressent un certain besoin de renouveau. "Il y a eu le Covid, et une réflexion s'est imposée. Après 20 ans, on se sentait un peu arrivés au bout".
Fiuminale : Une nouvelle voie pour le chant Corse
C'est ainsi qu'en 2020, Fiuminale vit le jour, un duo au concept épuré qui se distingue du chant polyphonique traditionnel corse. "Avec Fiuminale, nous avons décidé de revisiter le chant corse d'une manière différente. Nous avons exploré des répertoires moins connus, des perles rares qui nous touchent particulièrement", explique-t-il. Le nom "Fiuminale" trouve également son origine en Corse. "C'est le nom d'un village abandonné perdu en montagne, entre Bastia et la mer, mais qui a été revivifié par la communauté. Cela symbolise à la fois la préservation et la reconstruction, des thèmes qui résonnent fortement dans notre démarche musicale", explique Jean-Philippe. Un hommage à cette terre corse, mais aussi à cette culture que le duo défend avec ferveur.
L'un des choix marquants du duo est l'utilisation de la cetera, un cistre corse à quatre cœurs, permet de sortir des sentiers battus. "La cistre n'est pas un véritable instrument d'accompagnement, mais nous avons décidé de l'utiliser ainsi." précise-t-il. Le choix de la cistre n'est pas anodin. Cet instrument à cordes doubles, spécifique à la Corse, ajoute une dimension unique à leur musique. Loin de la guitare universelle, la cistre se fait l'écho de la terre insulaire, et enveloppe les voix dans une atmosphère qui transporte le public. "C'est un instrument qui nous emmène ailleurs, dans un univers tout à fait particulier", assure Jean-Philippe. "C'est l'âme de la Corse qui se fait entendre à travers lui."
Mais c'est surtout dans le cadre intimiste de leurs concerts, souvent donnés dans des églises, que Fiuminale se révèle. "Il y a une résonance dans ces lieux sacrés qui sublime les voix. L'église, avec son acoustique et son atmosphère, est le lieu idéal pour un duo comme le nôtre", développe le chanteur. Leur musique se nourrit de cette symbiose entre l'espace, la lumière et la spiritualité des lieux.
L'identité Corse au cœur du répertoire
À travers leur répertoire, entièrement chanté en corse (à l'exception des morceaux sacrés en latin), les deux chanteurs explorent des thématiques qui vont au-delà de la simple tradition. "Notre musique parle de nous, de notre histoire, de notre identité. C'est aussi une manière d'ouvrir une porte vers l'universel", ajoute le corse.
Le duo met également un point d'honneur à transmettre l'âme de la Corse à travers ses chansons, à d'autres cultures. "Le chant polyphonique corse, avec sa dimension universelle, touche les gens au-delà des frontières linguistiques", confie Jean-Philippe. "Nous avons chanté en corse dans beaucoup de pays, et c'est cette langue, qui paraît souvent fermée, qui a ouvert tant de portes pour nous."
Un avenir prometteur : une tournée et un album en préparation
Fiuminale ne s'arrête pas là. Leur avenir s'écrit déjà avec une centaine de concerts programmés dans les mois à venir. "Nous avons 12 tournées prévues en France cette année", raconte Jean-Philippe. "C'est un travail qui nous demande beaucoup d'organisation, mais c'est aussi un bonheur de pouvoir faire découvrir notre musique au plus grand nombre." En parallèle, le duo prépare également son premier album. "Nous sommes en train de constituer un répertoire pour entrer en studio en 2026", précise Jean-Philippe.
"Ce duo est pour nous une forme de mise à nu, une fragilité qui devient une force. Les gens sentent que nous avons une histoire, et que cette histoire nous porte sur scène", conclut l'artiste. Fiuminale, c'est avant tout un duo d'amis, de musiciens, qui, à chaque concert, partagent avec le public l'émotion pure de leurs racines corses.
La tournée actuelle de Fiuminale en Occitanie marque une nouvelle étape dans cette quête de partage. Après leur passage à Narbonne le 5 avril, ils se produiront à Béziers le lendemain à l'église de la Madeleine, puis à Mireval le mardi 8 avril à l'église Sainte Eulalie. Chaque concert est l'occasion de toucher un public qui, parfois sans comprendre la langue, se laisse emporter par la force émotionnelle de leur chants.